La femme africaine est la résultante d’une
belle lutte acharnée pour son émancipation au sein de son écosystème, mouvance
des échanges entre civilisations, entre cultures au cours du temps. Sa
« dimension humaine » est la même que celle d’autres femmes dans le
monde. S’il existe une spécificité chez nos sœurs africaines, c’est dans la
forme des réponses qu’elles donnent aux sollicitations du groupe humain au
sein duquel elles évoluent…
Classiquement, le niveau d’une civilisation,
d’une culture, se mesure à la place faite aux sujets considérés comme les plus
fragiles : les femmes, les orphelins, les valeurs identitaires, le
patrimoine culturel … La femme (en général) africaine (en particulier) vit
une « tragédie » : elle est responsable de la survie de
l’espèce… D’elle dépend tous les facteurs du « vivre ensemble » et de
transmission de valeurs. On peut aisément distinguer certaines « figures
repérables » de la femme qui soutien notre culture.
Chantal Gondang : au cœur de la création contemporaine
Sa jeune enfance passionnée de danse traditionnelle
africaine, a laissé libre cours à une expérience dans le Ballet National du
Cameroun dont elle fera parti jusqu’en 1984, date à laquelle elle dépose ses
valises en France pour se former en danse contemporaine chez Peter Goss. Chantal
va enseigner par la suite la danse africaine et afro-contemporaine dès 1989
dans diverses écoles de Paris et d’Ile de France, dont le Centre Georges
Momboye à Paris, et l’atelier Danse au Perreux sur Marne.
Danseuse interprète
dans plusieurs compagnies, elle crée la Compagnie Chantal Gondang (qui a cinq
créations à son actif : Mélanges, Bigna, Flô, L’Être
au corps et Teukeïna), dont elle est chorégraphe et directrice
artistique. C’est à travers sa compagnie que la chorégraphe camerounaise
transmet le message d’une danse africaine créative, tournée vers
l’avenir. Elle puise son inspiration dans la danse africaine traditionnelle,
grâce à laquelle elle développe une signature afro-contemporaine dynamique et
expressive. Son travail porte sur l’énergie et la personnalité. Elle est en
perpétuelle recherche afin d’affiner sa gestuelle et sa singularité. Collaborer
avec des gens d’univers différents, est pour elle une richesse essentielle
Marilyn Douala Bell : pour
un dialogue avec nos villes
Après ses premiers pas en 1957,
elle étudie l'Economie du Développement à Paris où elle commence sa vie
professionnelle. De retour au Cameroun avec son mari Didier Schaub, en 1986 et
avec un groupe d'amis, ils vont créer doual'art
en 1991, un centre d'art contemporain qui se définit comme un laboratoire
de recherche "Ars & Urbis" sur les questions urbaines. Sa
préoccupation majeure est de vérifier si les pratiques artistiques peuvent
jouer un rôle dans l'appropriation citoyenne de l'espace public et affecter positivement
la société urbaine. En 2007, doual'art
a organisé la première édition de la triennale SUD (Salon Urbain de Douala), un
festival d'art public au cours duquel 12 événements artistiques qui traitaient
de thématiques urbaines ont été produits. Ce sera le début de belles épopées
avec pour thèmes : en 2010 « l'eau » ; en 2013 « l’Architect
Urbanisme » ; et bientôt en 2016 « la place de la personne
humaine dans nos sociétés ».
Il s’agit pour la Princesse Manga
Bell et Présidente de doual’art
d’enrichir la ville de Douala, et par ricochet les autres villes du Cameroun,
en donnant du sens aux pratiques urbaines et sociétales dans le cadre d’un
dialogue à construire avec nos villes, en les habillant de mobiliers urbain ou
œuvres d’art publique. Ses actions sont également orientées vers la
réhabilitation de l’histoire et de sa pérennisation, dans le souci de mémoire
collective, afin que les doualais en particulier et les camerounais en général
se réapproprient leur histoire et parviennent à brandir valeureusement leur
identité culturelle, pour une meilleure culture de la paix.
Yollande Bodiong : l’avenir de la prod
Découverte pour la première fois en 2009 à
travers l’émission télé « Engrenage », (talk-show diffusé sur Canal 2), Yolande
Bodiong est une femme qui s’est inscrite au sein d’une génération dont le
Cameroun est fière de savoir ses valeurs promues.
Orpheline à 13 ans et issue d’une famille
modeste, elle obtient son baccalauréat littéraire en 1994 au lycée de
Nkoldongo ; ensuite un BTS en marketing et communication à l’institut de
technologies et de l’information de Douala en 1996 ; puis sera retenue
comme hôtesse de l’air de la défunte Cameroon Airlines en 1997 à l’issue d’un
concours national sur plus de 5000 candidats.
Ses formations en audiovisuel en France et l’obtention
d’un MBA en Management à L’ESSEC de Douala en 2010 sont le début d’une
fabuleuse aventure qui va conduire à la création d’une entreprise spécialisée
dans la communication audiovisuelle “OPTIONS » à l’origine du talk-show
« ENGRENAGE » diffusé sur canal 2 international. En janvier 2011,
elle rejoint Camair-co, la nouvelle compagnie aérienne comme responsable du
programme de fidélité. Mais va démissionner et créer en 2012 MARABOO, une
entreprise spécialisée dans la communication audiovisuelle et les relations
publiques, qui a à son actif plusieurs productions tv (k-tapult, 8 pour un
défi, 90 mn pour gagner, On re-zap 2015… Plusieurs reportages et
documentaires), et de grands événements novateurs très bientôt.
Ingrid Solange Amougou : la
femme n'est pas, suivant une réputation méritée seulement belle, elle est
intelligente, forte et travailleuse
Présidente
du COMICA, œuvre pour la
valorisation de la jeune femme camerounaise, en célébrant, tous les ans, son
intelligence, sa beauté et ses valeurs. En effet, considérant son fort
potentiel, la femme camerounaise est l’espoir de notre société, et le COMICA qui,
depuis 2002 organise le couronnement de la Miss au Cameroun, voudrait faire de
la jeune femme camerounaise un modèle et un partenaire au développement. Le
concept MISS CAMEROUN est donc un support important de diffusion de la culture
camerounaise.
Ingrid Solange
Amougou entend bien, par le biais de la prochaine édition à l'élection
miss, apporter une coloration particulière à la réalisation d'une unité durable
et une paix certaine pour protéger les intérêts de nos jeunes filles de plus en
plus victimes de mutilations diverses, et ceux communs à notre nation.
C'est un nouveau défi qui pointe à l'horizon pour le
Comica et Mme Solange Ingrid Amougou pour qui il s’agit d’une fabuleuse odyssée qui connait le soutien de
Madame Chantal Biya, personnellement concernée par l’avenir de la jeune fille,
et du Pr Narcisse Mouelle Kombi qui continu de soutenir toutes les initiatives
du Comicas. La 12ème édition est donc lancée depuis le 27 janvier dernier pour
la miss 2016. »
DINALY : De son vrai nom Marthe Ngo Mouah
Il s’agit d’une femme de poigne au
parcours à typique avec une brève
carrière musicale qui à suffit à la faire connaitre du public camerounais et
lui a permis d’assoir son nom au centre de la promotion culturelle.
Plus connue sous le surnom de “Dinaly”,
qu’elle porte depuis le début de sa carrière musicale, c’est dans les années
2000 que les mélomanes la découvrent, à travers le titre de la chanson:
“Décision” qui a connu un très grand succès et qui continue d’ailleurs de les
faire danser aujourd’hui. Marthe Mouaha, de son vrai nom, a toujours été
passionnée de musique. En 2004, elle va remporter le Kora Awards du meilleur
espoir féminin d'Afrique
centrale.
Après quelques années dans la musique, Marthe va se lancer à la conquête d’un
nouveau monde, celui de la création d’entreprise. Aux côtés de son défunt mari,
le célèbre Tom Yoms avec qui elle va lancer la première radio privée de la
ville de Douala le 31 décembre 2001 et quelques années plus tard, la
télévision LTM. Ces deux entreprises sont aujourd’hui sa fierté puisqu’elle emploie
une cinquantaine de personnes. Sa bravoure et son dynamisme vont la conduire
tour à tour à la tête du célèbre club de football Dynamo le 7 janvier
2012 ; puis le 23 avril 2013 au sein du conseil d’administration de la
société camerounaise de l’art musical.
CALIXTHE BEYALA
De ses premiers
pas en 1961
à Douala,
par la force des événements qui s’enchainent dans sa vie Calixthe devient romancière
française
d’origine camerounaise.
De famille noble, ses parents, dont le père, un aristocrate
bamiléké,
et sa mère, une béti
de la tribu Eton,
se séparent peu après sa naissance. Avec sa sœur ainée issue de cette union,
elle vont grandir auprès de leur grand-mère maternelle, qui les éduquera à la
manière traditionnelle, avec très peu de moyens.
Les sœurs
passent leur enfance au Cameroun à New-bell, un
quartier populaire de Douala. Le sacrifice de sa sœur aînée va la conduire
en France,
où elle se marie et obtient un baccalauréat G2 :
techniques quantitatives de gestion. Elle fait des études de lettres
modernes françaises à l'Université Paris 13 Nord.
Elle publie son
premier Roman C'est
le soleil qui m'a brûlée en
1987 et reçoit par la suite plusieurs distinctions pour son œuvre :
le grand prix littéraire
d'Afrique noire pour Maman a un amant (Albin Michel, 1993) ; le prix François-Mauriac de l'Académie française, ainsi que
le prix
Tropiques pour Assèze
l'Africaine (1994) ; le grand prix du roman de
l'Académie française pour Les Honneurs
perdus, (1996) ; le grand prix de
l'Unicef
pour La Petite Fille du réverbère
(1998).
Outre sa
carrière d’écrivain, elle milite auprès de nombreuses associations pour la
reconnaissance des minorités, le développement de
la francophonie
et la lutte contre le sida. Au
tournant de l’année 1992, elle lance une
collection de livres intitulée Rêve d'Afrique dont elle est la directrice littéraire.
Denise
Fampou : maire de la commune de Douala 2ème
Depuis 9 ans à la
tète d’une commune qui, des décennies durant, est, condamnée dans une
insalubrité certaine, a remporté avec sa commune la palme d’or de la 1ère
édition du concours de l’arrondissement le plus propre de Douala, lancé en
2014. Pour lui donner un visage enviable, il a fallu une volonté
inébranlable et un travail acharné de titans. L’avocate à qui décidément
beaucoup de chose réussit depuis qu’elle a pris les rennes de cette mairie,
lance un vibrant appel aux populations à plus d’efforts. Parce que New-Bell en
particulier, et le Cameroun tout entier attendent toujours plus d’efforts
d’urbanisation.
Son combat contre
l’insalubrité et la promotion de véritables valeurs citoyennes l’ont conduit
vers des initiatives en faveur des démunis et est membre de plusieurs
organisation nationales et internationales.
Patricia Boowen : Un parcours pédagogique très chevauché
C’est le nom que porte désormais le management
artistique féminin au Cameroun : Patricia Stéphanie Boowen. A sa naissance, ses
parents envisageaient de faire d’elle une future avocate ou médecin, loin
d’imaginer que la benjamine de la famille, ferai quelques années plus tard, les
choux gras des médias de la musique urbaine.
Malgré sa grande passion pour le chant, il lui
faut acquérir des bases en allant comme tout enfant à l’école pour y parvenir.
Patricia va opter pour la série littéraire par la suite. Après un passage au
Sénégal, elle revient au Cameroun en 1997 et s’inscrit en première année de
lettres bilingues à la faculté des sciences humaines de l’université de Douala.
Malgré tout elle aura l’impression de ne pas trouver sa voie. Elle fini par rejoindre la
capitale et s’inscrit à Disamba Supérieur et ressort en 1999 avec un DUTS
(diplôme universitaire de technicien supérieur) en techniques de
commercialisation, dont elle finie par réaliser un vœu longtemps nourrit :
se spécialiser dans la communication évènementielle.
Toujours portée vers la découverte de ce qui se fait de mieux ailleurs,
Patricia s’envole vers l’Europe. C’est
un heureux évènement dans sa vie: la naissance de sa fille, qui la fait
revenir au pays et y rester.
Au Cameroun, le déclic en 2004, l’évènement
consacré aux musiques urbaines « Kamer groove » dirigé par Adjajo, manager et
opérateur culturel bien connu, lui offre l’opportunité de se consacrer à sa
véritable passion. Elle se voit confier le poste de directrice artistique. Elle
se fait vite remarquer par son dynamisme, et le comité d’organisation l’intègre
définitivement. A ce stade de sa carrière, le métier de manager artistique est
plus l’apanage des hommes que des femmes au Cameroun. Mais en quelques années,
Patricia Stéphanie Boowen va devenir incontournable dans l’organisation des
festivals à l’intérieur et à l’extérieur du Cameroun. Si l’environnement ne
favorise pas l’éclosion de la culture et des métiers connexes, Patricia rêve «
d’un Cameroun où enfin la culture sera valorisée dans toutes ses dimensions au
vu des talents que regorge notre pays. D’où la création en 2008, de
l’association pour le management des musiques urbaines « AMURA: s’établir en
tant qu’opérateur culturel, favoriser les échanges entre les artistes
d’ailleurs et d’ici…
DR FATIMATOU POUMIE : mère
et femme entreprenante
Agé de 44 ans, cette divorcée et mère de quatre
enfants (Eliane 20 ans en Afrique du sud dans une Université, Agnès, 18 ans,
prépare son baccalauréat cette année, Joseph, 16 ans qui doit affronter les
épreuves du Bepc, Nelson, 2 ans) est titulaire d’un doctorat d’Etat en
pharmacie et gérante de la pharmacie de Douala. Présidente nationale du Cercle
de réflexion pour le développement du Noun (Cerden, Ndlr) et première vice
présidente du Lion’s club Douala Palétuvier, elle côtoie les grands noms, et
donc celui de Yannick Noah, dont elle a obtenu le parrainage pour le gala de
charité, destiné à collecter des fonds nécessaires à la construction du musée
des rois à Foumban.
Vous
l’avez bien compris, à sa manière, elle contribue au développement des
valeurs du Noun à travers l’organisation de la 543eme manifestation du Nguon,
dont elle est en ce moment à pied
d’œuvre.
Pour finir...
Les mots
sont faibles pour décrire les actrices qui soutiennent la culture dans notre
société, celles qui portent la promotion de notre identité culturelle en elles
et donc, des valeurs, et nous font découvrir les merveilles d’un patrimoine
qu’elles ont contribué à construire. La société africaine, de plus en plus semble
apprécier le rôle d’une femme dans son développement culturel, qui se veut
participatif. Ajouté à cela, les croyances ainsi que les coutumes, qui ne sont
plus de vraies barrières à l’épanouissement de la femme.
La
question du génie créateur de la femme africaine et sa capacité à y intégrer
des valeurs, notamment aux conditions d’émergence de sa production culturelle,
découlant de la révolution “féministe”. Même si la prise de la parole dans
l’espace public par la femme est un phénomène récent, son expression par son
besoin d’accorder un second souffle à la culture remonte à la nuit des temps.
L’art dans toute sa splendeur relevant ainsi de son univers.