mardi 24 mai 2016

FEMMES ET CULTURE : femmes d’exception



La femme africaine est la résultante d’une belle lutte acharnée pour son émancipation au sein de son écosystème, mouvance des échanges entre civi­li­sa­tions, entre cultures au cours du temps. Sa « dimension humaine » est la même que celle d’autres femmes dans le monde. S’il existe une spé­ci­fi­cité chez nos sœurs africaines, c’est dans la forme des réponses qu’elles donnent aux sol­li­ci­ta­tions du groupe humain au sein duquel elles évoluent…
Classiquement, le niveau d’une civi­li­sa­tion, d’une culture, se mesure à la place faite aux sujets considérés comme les plus fragiles : les femmes, les orphe­lins, les valeurs identitaires, le patrimoine culturel … La femme (en général) africaine (en par­ti­cu­lier) vit une « tragédie » : elle est res­pon­sa­ble de la survie de l’espèce… D’elle dépend tous les facteurs du « vivre ensemble » et de transmission de valeurs. On peut aisément distinguer certaines « figures repérables » de la femme qui soutien notre culture.


Chantal Gondang : au cœur de la création contemporaine 


Sa jeune enfance passionnée de danse traditionnelle africaine, a laissé libre cours à une expérience dans le Ballet National du Cameroun dont  elle fera parti  jusqu’en 1984, date à laquelle elle dépose ses valises en France pour se former en danse contemporaine chez Peter Goss. Chantal va enseigner par la suite la danse africaine et afro-contemporaine dès 1989 dans diverses écoles de Paris et d’Ile de France, dont le Centre Georges  Momboye à Paris, et l’atelier Danse au Perreux sur Marne.
Danseuse interprète dans plusieurs compagnies, elle crée la Compagnie Chantal Gondang (qui a cinq créations à son actif : Mélanges, Bigna, Flô, L’Être au corps et Teukeïna), dont elle est chorégraphe et directrice artistique. C’est à travers sa compagnie que la chorégraphe camerounaise transmet le message d’une danse africaine créative, tournée vers l’avenir. Elle puise son inspiration dans la danse africaine traditionnelle, grâce à laquelle elle développe une signature afro-contemporaine dynamique et expressive. Son travail porte sur l’énergie et la personnalité. Elle est en perpétuelle recherche afin d’affiner sa gestuelle et sa singularité. Collaborer avec des gens d’univers différents, est pour elle une richesse essentielle


Marilyn Douala Bell : pour un dialogue avec nos villes




Après ses premiers pas en 1957, elle étudie l'Economie du Développement à Paris où elle commence sa vie professionnelle. De retour au Cameroun avec son mari Didier Schaub, en 1986 et avec un groupe d'amis, ils vont créer doual'art en 1991, un centre d'art contemporain qui se définit comme un laboratoire de recherche "Ars & Urbis" sur les questions urbaines. Sa préoccupation majeure est de vérifier si les pratiques artistiques peuvent jouer un rôle dans l'appropriation citoyenne de l'espace public et affecter positivement la société urbaine. En 2007, doual'art a organisé la première édition de la triennale SUD (Salon Urbain de Douala), un festival d'art public au cours duquel 12 événements artistiques qui traitaient de thématiques urbaines ont été produits. Ce sera le début de belles épopées avec pour thèmes : en 2010 « l'eau » ; en 2013 « l’Architect Urbanisme » ; et bientôt en 2016 « la place de la personne humaine dans nos sociétés ».
Il s’agit pour la Princesse Manga Bell et Présidente de doual’art d’enrichir la ville de Douala, et par ricochet les autres villes du Cameroun, en donnant du sens aux pratiques urbaines et sociétales dans le cadre d’un dialogue à construire avec nos villes, en les habillant de mobiliers urbain ou œuvres d’art publique. Ses actions sont également orientées vers la réhabilitation de l’histoire et de sa pérennisation, dans le souci de mémoire collective, afin que les doualais en particulier et les camerounais en général se réapproprient leur histoire et parviennent à brandir valeureusement leur identité culturelle, pour une meilleure culture de la paix.


Yollande Bodiong : l’avenir de la prod


Découverte pour la première fois en 2009 à travers l’émission télé « Engrenage », (talk-show diffusé sur Canal 2), Yolande Bodiong est une femme qui s’est inscrite au sein d’une génération dont le Cameroun est fière de savoir ses valeurs promues.
Orpheline à 13 ans et issue d’une famille modeste, elle obtient son baccalauréat littéraire en 1994 au lycée de Nkoldongo ; ensuite un BTS en marketing et communication à l’institut de technologies et de l’information de Douala en 1996 ; puis sera retenue comme hôtesse de l’air de la défunte Cameroon Airlines en 1997 à l’issue d’un concours national sur plus de 5000 candidats. 
Ses formations en audiovisuel en France et l’obtention d’un MBA en Management à L’ESSEC de Douala en 2010 sont le début d’une fabuleuse aventure qui va conduire à la création d’une entreprise spécialisée dans la communication audiovisuelle “OPTIONS » à l’origine du talk-show « ENGRENAGE  » diffusé sur canal 2 international. En janvier 2011, elle rejoint Camair-co, la nouvelle compagnie aérienne comme responsable du programme de fidélité. Mais va démissionner et créer en 2012 MARABOO, une entreprise spécialisée dans la communication audiovisuelle et les relations publiques, qui a à son actif plusieurs productions tv (k-tapult, 8 pour un défi, 90 mn pour gagner, On re-zap 2015… Plusieurs reportages et documentaires), et de grands événements novateurs très bientôt.


Ingrid Solange Amougou : la femme n'est pas, suivant une réputation méritée seulement belle, elle est intelligente, forte et travailleuse 


Présidente du COMICA, œuvre pour la valorisation de la jeune femme camerounaise, en célébrant, tous les ans, son intelligence, sa beauté et ses valeurs. En effet, considérant son fort potentiel, la femme camerounaise est l’espoir de notre société, et le COMICA qui, depuis 2002 organise le couronnement de la Miss au Cameroun, voudrait faire de la jeune femme camerounaise un modèle et un partenaire au développement. Le concept MISS CAMEROUN est donc un support important de diffusion de la culture camerounaise.
Ingrid Solange Amougou entend bien, par le biais de la prochaine édition à l'élection miss, apporter une coloration particulière à la réalisation d'une unité durable et une paix certaine pour protéger les intérêts de nos jeunes filles de plus en plus victimes de mutilations diverses, et ceux communs à notre nation.
C'est un nouveau défi qui pointe à l'horizon pour le Comica et Mme Solange Ingrid Amougou pour qui il s’agit d’une fabuleuse odyssée qui connait le soutien de Madame Chantal Biya, personnellement concernée par l’avenir de la jeune fille, et du Pr Narcisse Mouelle Kombi qui continu de soutenir toutes les initiatives du Comicas. La 12ème édition est donc lancée depuis le 27 janvier dernier pour la miss 2016. »


DINALY : De son vrai nom Marthe Ngo Mouah


Il s’agit d’une femme de poigne au parcours à typique  avec une brève carrière musicale qui à suffit à la faire connaitre du public camerounais et lui a permis d’assoir son nom au centre de la promotion culturelle. 
Plus connue sous le surnom de “Dinaly”, qu’elle porte depuis le début de sa carrière musicale, c’est dans les années 2000 que les mélomanes la découvrent, à travers le titre de la chanson: “Décision” qui a connu un très grand succès et qui continue d’ailleurs de les faire danser aujourd’hui. Marthe Mouaha, de son vrai nom, a toujours été passionnée de musique. En 2004, elle va remporter le Kora Awards du meilleur espoir féminin d'Afrique centrale. Après quelques années dans la musique, Marthe va se lancer à la conquête d’un nouveau monde, celui de la création d’entreprise. Aux côtés de son défunt mari, le célèbre Tom Yoms avec qui elle va lancer la première radio privée de la ville de Douala le 31 décembre 2001 et quelques années plus tard,  la télévision LTM. Ces deux entreprises sont aujourd’hui sa fierté puisqu’elle emploie une cinquantaine de personnes. Sa bravoure et son dynamisme vont la conduire tour à tour à la tête du célèbre club de football Dynamo le 7 janvier 2012 ; puis le 23 avril 2013 au sein du conseil d’administration de la société camerounaise de l’art musical.



CALIXTHE BEYALA


De ses premiers pas en 1961 à Douala, par la force des événements qui s’enchainent dans sa vie Calixthe devient romancière française d’origine camerounaise. De famille noble, ses parents, dont le père, un aristocrate bamiléké, et sa mère, une béti de la tribu Eton, se séparent peu après sa naissance. Avec sa sœur ainée issue de cette union, elle vont grandir auprès de leur grand-mère maternelle, qui les éduquera à la manière traditionnelle, avec très peu de moyens.

Les sœurs passent leur enfance au Cameroun à New-bell, un quartier populaire de Douala. Le sacrifice de sa sœur aînée va la conduire en France, où elle se marie et obtient un baccalauréat G2 : techniques quantitatives de gestion. Elle fait des études de lettres modernes françaises à l'Université Paris 13 Nord.



Elle publie son premier Roman C'est le soleil qui m'a brûlée en 1987 et reçoit par la suite plusieurs distinctions pour son œuvre : le grand prix littéraire d'Afrique noire pour Maman a un amant (Albin Michel, 1993) ; le prix François-Mauriac de l'Académie française, ainsi que le prix Tropiques pour Assèze l'Africaine (1994) ; le grand prix du roman de l'Académie française pour Les Honneurs perdus, (1996) ; le grand prix de l'Unicef pour La Petite Fille du réverbère (1998).

Outre sa carrière d’écrivain, elle milite auprès de nombreuses associations pour la reconnaissance des minorités, le développement de la francophonie et la lutte contre le sida. Au tournant de l’année 1992, elle lance une collection de livres intitulée Rêve d'Afrique dont elle est la directrice littéraire.



Denise Fampou : maire de la commune de Douala  2ème 


Depuis 9 ans à la tète d’une commune qui,  des décennies durant, est, condamnée dans une insalubrité certaine, a remporté avec sa commune la palme d’or de la 1ère édition du concours de l’arrondissement le plus propre de Douala, lancé en 2014. Pour lui donner un visage enviable, il  a fallu une volonté inébranlable et un travail acharné de titans. L’avocate  à qui décidément beaucoup de chose réussit depuis qu’elle a pris les rennes de cette mairie, lance un vibrant appel aux populations à plus d’efforts. Parce que New-Bell en particulier, et le Cameroun tout entier attendent toujours plus d’efforts d’urbanisation.
Son combat contre l’insalubrité et la promotion de véritables valeurs citoyennes l’ont conduit vers des initiatives en faveur des démunis et est membre de plusieurs organisation nationales et internationales.




Patricia Boowen : Un parcours pédagogique très chevauché



C’est le nom que porte désormais le management artistique féminin au Cameroun : Patricia Stéphanie Boowen. A sa naissance, ses parents envisageaient de faire d’elle une future avocate ou médecin, loin d’imaginer que la benjamine de la famille, ferai quelques années plus tard, les choux gras des médias de la musique urbaine.
Malgré sa grande passion pour le chant, il lui faut acquérir des bases en allant comme tout enfant à l’école pour y parvenir. Patricia va opter pour la série littéraire par la suite. Après un passage au Sénégal, elle revient au Cameroun en 1997 et s’inscrit en première année de lettres bilingues à la faculté des sciences humaines de l’université de Douala. Malgré tout elle aura l’impression de ne pas trouver sa voie. Elle fini par rejoindre la capitale et s’inscrit à Disamba Supérieur et ressort en 1999 avec un DUTS (diplôme universitaire de technicien supérieur) en techniques de commercialisation, dont elle finie par réaliser un vœu longtemps nourrit : se spécialiser dans la communication évènementielle.
Toujours portée vers la découverte de ce qui se fait de mieux ailleurs, Patricia s’envole vers l’Europe. C’est  un heureux évènement dans sa vie: la naissance de sa fille, qui la fait revenir au pays et y rester.
Au Cameroun, le déclic en 2004, l’évènement consacré aux musiques urbaines « Kamer groove » dirigé par Adjajo, manager et opérateur culturel bien connu, lui offre l’opportunité de se consacrer à sa véritable passion. Elle se voit confier le poste de directrice artistique. Elle se fait vite remarquer par son dynamisme, et le comité d’organisation l’intègre définitivement. A ce stade de sa carrière, le métier de manager artistique est plus l’apanage des hommes que des femmes au Cameroun. Mais en quelques années, Patricia Stéphanie Boowen va devenir incontournable dans l’organisation des festivals à l’intérieur et à l’extérieur du Cameroun. Si l’environnement ne favorise pas l’éclosion de la culture et des métiers connexes, Patricia rêve « d’un Cameroun où enfin la culture sera valorisée dans toutes ses dimensions au vu des talents que regorge notre pays. D’où la création en 2008, de l’association pour le management des musiques urbaines « AMURA: s’établir en tant qu’opérateur culturel, favoriser les échanges entre les artistes d’ailleurs et d’ici…



DR FATIMATOU POUMIE : mère et femme entreprenante


Agé de 44 ans, cette divorcée et mère de quatre enfants (Eliane 20 ans en Afrique du sud dans une Université, Agnès, 18 ans, prépare son baccalauréat cette année, Joseph, 16 ans qui doit affronter les épreuves du Bepc, Nelson, 2 ans) est titulaire d’un doctorat d’Etat en pharmacie et gérante de la pharmacie de Douala. Présidente nationale du Cercle de réflexion pour le développement du Noun (Cerden, Ndlr) et première vice présidente du Lion’s club Douala Palétuvier, elle côtoie les grands noms, et donc celui de Yannick Noah, dont elle a obtenu le parrainage pour le gala de charité, destiné à collecter des fonds nécessaires à la construction du musée des rois à Foumban.
Vous  l’avez bien compris, à sa manière, elle contribue au développement des valeurs du Noun à travers l’organisation de la 543eme manifestation du Nguon, dont elle est en ce moment à  pied d’œuvre.


 Pour finir...
Les mots sont faibles pour décrire les actrices qui soutiennent la culture dans notre société, celles qui portent la promotion de notre identité culturelle en elles et donc, des valeurs, et nous font découvrir les merveilles d’un patrimoine qu’elles ont contribué à construire. La société africaine, de plus en plus semble apprécier le rôle d’une femme dans son développement culturel, qui se veut participatif. Ajouté à cela, les croyances ainsi que les coutumes, qui ne sont plus de vraies barrières à l’épanouissement de la femme.
La question du génie créateur de la femme africaine et sa capacité à y intégrer des valeurs, notamment aux conditions d’émergence de sa production culturelle, découlant de la révolution “féministe”. Même si la prise de la parole dans l’espace public par la femme est un phénomène récent, son expression par son besoin d’accorder un second souffle à la culture remonte à la nuit des temps. L’art dans toute sa splendeur relevant ainsi de son univers.














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